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Par Anne Charton, directrice principale, Marketing et Communication

Sujet peu visible à travers nos médias au Québec aujourd’hui, le numérique responsable représente pourtant un enjeu.

Enjeu, parce qu’avec le mode de vie que nous avons dû adopter, il y a maintenant presque 2 ans, notre utilisation du numérique ne fait que croître. Et ce n’est pas la révolution numérique à laquelle nous assistons qui la freinera! Mais enjeu également, car avec son côté abstrait et tout son potentiel, il est difficile de réaliser l’impact que le numérique peut avoir sur notre environnement et pourtant …

Le concept de numérique responsable

L’expression « numérique responsable » est apparue en 2014. Parmi les définitions qu’on peut trouver sur le sujet, l’une des plus simples qui a retenu mon attention est celle de l’association du GreenIT.fr : « Le numérique responsable est le numérique qui respecte le plus possible le Vivant ». Et par « Vivant, on entend les êtres humains, la faune, la flore et plus globalement la planète ».

L’origine du numérique responsable vient du fait que l’impact du numérique n’est pas anodin! Les experts avancent différents chiffres sur les conséquences du numérique d’un point de vue environnemental :

Mais le bon côté de la médaille, c’est tout le potentiel du numérique qui peut être mis au profit du développement durable et de l’environnement plus précisément! Il existe de nombreux exemples aujourd’hui dans ce sens. Au Québec, IVADO entre autres propose régulièrement des évènements sur ce sujet. Le prochain d’ailleurs réunit le 22 avril un panel sur les changements climatiques et l’IA. Le numérique a aussi un impact positif sur la biodiversité que nous malmenons, une de mes collègues l’expliquait dans son billet: l’intelligence artificielle et l’étude de la biodiversité. Autre exemple, cette fois en lien avec une de nos réalisations: lorsque le numérique facilite l’analyse de la congestion routière et favorise le transport collectif. Ou encore pour les privilégiés qui ont, au début de la pandémie, pu basculer en mode télétravail. Grâce à la crise, le Québec respire mieux titrait Le Devoir dans un article où l’on comprend, entre autres, que « grâce au numérique, le Québec respire mieux »!

On le comprend, le pari du numérique responsable est donc de trouver un juste équilibre pour profiter de tout le potentiel du numérique tout en réduisant son empreinte écologique et sociale. Et nous pouvons tous, utilisateurs et professionnels du numérique y contribuer.

Quelques pistes pour un numérique plus responsable

La conscientisation de l’impact environnemental et social du numérique est le point de départ. Qu’elle concerne les individus ou les organisations, c’est elle qui permettra au numérique responsable de prendre sa place dans les cahiers des charges des sites web, des applications, des systèmes d’information…  Cette conscientisation se fait de plus en plus forte, depuis plusieurs années, surtout en Europe.

Il est impossible de ne pas évoquer les équipements, infrastructures et centres de données qu’on recense parmi les principales sources de pollution du numérique. La plus néfaste concerne les terminaux utilisateurs et nous impacte donc directement. Prolonger la durée de vie de nos appareils, les recycler, leur offrir une seconde vie, investir dans le reconditionné …  font donc bien évidemment partie de l’équation d’un numérique plus responsable.

Certes l’impact de la fabrication des toutes les infrastructures du numérique est majeur, mais ne doit pas éclipser l’impact de leur fonctionnement sur l’environnement. En effet, difficile de réaliser que chaque clic sur le web génère du dioxyde de carbone et pourtant … Les centres de données, socle de nos écosystèmes numériques et leurs besoins énergivores sont pointés du doigt. Bien que le Québec nous assure une énergie verte de ce côté-là, la maîtrise de leur consommation énergique reste un enjeu.

Un des moyens d’y parvenir est la sobriété numérique, « une démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens » comme définie par l’association GreenIT.fr. La sobriété numérique concerne donc tout un chacun. Il s’agit de changer nos usages et d’adopter de nouveaux réflexes. Par exemple d’un point de vue professionnel, il s’agira de ne pas systématiquement pallier un problème de performance par un accroissement des ressources, mais bien de penser d’abord à l’optimisation des ressources. On voit à ce sujet de plus en plus d’articles qui portent sur des sujets précis comme ici sur un projet de données décisionnel, ou encore très spécifiques comme ici sur les fontes. L’écoconception, qui rappelons-le est une méthodologie standardisée au niveau mondial avec les normes ISO 14006 : 2011 et ISO 14062 :2003, appliquée au numérique s’inscrit complètement dans cette démarche de sobriété numérique.

Pour conclure, le dernier volet du rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est sans équivoque : diminuer nos consommations est incontournable. Le numérique, comme tant d’autres domaines, a du chemin à parcourir. Espérons qu’après la couverture médiatique qu’on a offerte aux solutions de la crise climatique, s’en suivent les actions et que le numérique responsable au-delà d’une tendance devienne la norme pour nous, mais aussi pour les générations à venir …

 

[1] AApo Markkanen de Gartner mentionnait dans un de ses webinaires : « Si Internet était un pays, sa consommation en électricité serait la 3e plus importante au monde, après la Chine et les États-Unis ».

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